« L’érotisme désigne l’ensemble des phénomènes qui éveillent le désir sexuel et les diverses représentations, en particulier culturelles et artistiques, qui expriment ou suscitent cette affection des sens.

Il ne renvoie pas à l’acte sexuel lui-même, mais plutôt à tout ce qui provoque le désir sexuel et à toutes les projections mentales que celui-ci évoque, en particulier les fantasmes » (WIKIPÉDIA — 2016)

1 — Quand l’érotisme rencontre le virtuel : Miss on the Go

Antoine Azar et Véronique Verreault

Antoine Azar et Véronique Verreault

Antoine Azar, fondateur de Mobilogie (acquise par Logient) et CTO de Thirdshelf, était présent à TLMUX à titre de représentant du produit prochainement en vente, « Miss on the Go ». Il nous a fait connaître la démarche ayant accompagné la création du produit. Azar n’était pas à l’origine du projet. Il s’agit d’un concept issu de la fondatrice, Véronique Verreault, qu’il décrit comme une personne « explosive et surprenante ».

Elle est allée seule à New York sur Time Square pour faire la promotion de son produit avec pour seul équipement une pancarte! — Antoine Azar

Véronique Verreault et Antoine Azar se sont rencontrés lors d’un congrès professionnel où cette dernière lui a parlé de son concept de croiser la création d’un jouet érotique avec les possibilités qu’offrent les réseaux sociaux. Ce concept prend forme dans l’application « Miss on the go », dont l’utilisation peut se faire avec ou sans l’ajout d’un jouet érotique conçu spécialement pour cette dernière. L’application offre deux options aux utilisateurs, soit de laisser le contrôle du jouet érotique à un autre utilisateur de la communauté, soit de prendre le contrôle du jouet d’un autre utilisateur.

Miss on the Go : l’application mobile d’échange érotique

Afin de simplifier l’interaction au maximum, l’application est conçue sur une base d’iconographies génériques. Les étapes de connexion sont réduites et on ne demande pas d’information personnelle aux utilisateurs pour conserver un maximum d’anonymat.

L’application est gratuite pour les personnes qui ne désirent pas utiliser le jouet et offre 3 modes d’utilisation :

  • My pleasure : Pour une utilisation sans connexion avec la communauté
  • Exercise : Pour une utilisation sportive destinée à la musculation pelvienne
  • Let the game begin : Pour une utilisation sociale. Les fonctionnalités de clavardage, d’échange de photos sont disponibles. L’échange vocal et de courtes vidéos sont prévus pour la seconde version de l’application. Le contrôle du jouet érotique est alors donné à un autre utilisateur que le propriétaire. Cet utilisateur est sélectionné selon les critères entrés par le propriétaire du jouet érotique (ex. : sexe, âge, localisation). Le propriétaire est toutefois libre de mettre fin à l’échange à tout moment et de bloquer un autre utilisateur.

Contexte d’utilisation: contrôle, anonymat et confiance

 Contexte d’utilisation: contrôle, anonymat et confiance

L’utilisation du produit se fait dans un contexte où la notion de contrôle est centrale. L’échange entre les utilisateurs se fait dans un contexte lié à l’univers de la soumission. Il a donc fallu que les propriétaires de Miss on the go s’intéressent au fonctionnement de la communauté et aux contraintes qui font partie de ce type d’échange. Certaines notions ont rapidement fait leur apparition dans le processus de création soit : la confiance et l’anonymat.

La confiance est un élément central pour la fidélisation de l’utilisateur. Il prend donc une place très importante dans le processus de conception, car l’utilisation de « Miss on the go » demande au propriétaire de céder le contrôle à un autre utilisateur dans le cadre d’une activité intime.

La confiance à établir chez l’utilisateur concerne principalement 3 facettes. La première facette est la confiance que ce dernier doit avoir envers le jouet : sa qualité, le contrôle qu’il a sur lui ainsi que la fiabilité de son fonctionnement. Il s’agit essentiellement pour l’utilisateur d’être certain de posséder un objet qui ne lui causera pas de potentielles blessures.

La seconde facette porte sur la confiance envers l’application, sa fiabilité quant à la protection des données personnelles et le contrôle donné à l’utilisateur. Pour répondre à cette préoccupation, les concepteurs ont éliminé toute collecte de données personnelles. L’application fonctionne donc sans avoir recours à une collecte d’information. De plus, elle offre plusieurs modes de fonctionnement (nommés plus haut) permettant à l’utilisateur de choisir le degré de contrôle qu’il désire laisser  à un autre utilisateur. Pour une sécurité optimale, une fonction d’arrêt immédiat et de blocage d’un autre utilisateur est proposée à chaque utilisation.

La troisième facette concerne la confiance qui doit être établie entre l’utilisateur et le contrôle qu’il a sur le déroulement de l’interaction avec un autre utilisateur. Bien que l’application soit conçue de manière à ce qu’un propriétaire de jouet puisse céder le contrôle à un autre utilisateur, son interface devait permettre le consentement respectif de chaque utilisateur. L’utilisateur cédant le contrôle devait avoir la possibilité de donner une rétroaction à un autre utilisateur pour lui donner son consentement ou pour mettre fin à l’échange.

2 — Faire bondir le Bunny hors de son terrier

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Vincent Przybyla

Lors de son entrevue d’embauche pour Mindgeek, Vincent Przybyla n’était pas conscient qu’il allait passer une entrevue pour un des magazines qui avait « marqué sa vie de jeune homme ». À vrai dire, ce dernier ignorait le fonctionnement de l’industrie érotique avant d’apprendre, à sa grande surprise, qu’il se voyait offrir un poste de designer web pour la marque très connue Playboy. Les droits sur les produits Playboy Entertainment venaient alors d’être acquis par la compagnie Mindgeek.

L’industrie de la pornographie en quelques faits :

  • Mindgeek est le plus grand distributeur de pornographie au monde
  • La pornographie domine le divertissement internet
  • Les deux plus grandes plateformes possédées par Mindgeek sont Youporn et Pornhub
  • La plateforme Youporn représente 2 % du trafic mondial

Playboy.tv

Le mandat sur lequel Przybyla a été attitré concernait la refonte de « Playboy.tv ». Toutefois, un fait majeur se dessinait d’ores et déjà comme un défi dans ce nouveau mandat. Przybyla souligne que, contrairement aux autres produits nommés plus tôt, Playboy n’était pas une marque de produits pornographiques. Malgré cela, lorsque l’on se connectait sur les plateformes disponibles à cette époque, cette distinction était inexistante pour quiconque ne connaissait pas l’historique de la marque. De plus, Przybyla souligne que comme le propriétaire ne vendait pas de produit érotique sur ses autres plateformes, le réflexe premier avait été de présenter les produits de Playboy.tv selon les mêmes modes que les produits pornographiques.

Contexte d’utilisation : Playboy, une marque connue, mais méconnue

Przybyla considère que l’image de marque de Playboy avait perdu de sa classe d’autrefois au moment de la prise en charge du mandat. Selon lui, la marque était auparavant un symbole d’érotisme, un concept dissocié de la pornographie. Plus encore, il s’agissait d’un magazine qui offrait des contenus de qualité. « C’était le GQ avant que le GQ existe »

Afin de nous faire saisir la nuance entre les concepts de pornographie et d’érotisme, Przybyla a présenté quelques points de comparaison entre ces deux industries.

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Érotisme =

  • Tendance à suggérer
  • La nudité seule suffit
  • La beauté et l’esthétique sont nécessaires

Pornographie :

  • Montre l’acte sexuel de façon obscène
  • La nudité seule ne suffit pas
  • La beauté et l’esthétique ne sont pas nécessaires

Selon Przybyla, cette méconnaissance de la marque provenait du fait que Playboy avait perdu sa ligne éditorialei qui mettait en valeur l’érotisme, la liberté sexuelle et les photographies nues artistiques. La « Bunny » n’avait plus la même signification.

Afin de redorer l’image de Playboy, Przybyla se fit une liste exhaustive d’objectifs de conception. Comme il n’avait pas le contrôle sur la marque ou sur les contenus, il a abordé le problème sous l’angle de l’UX design. L’amélioration de l’expérience utilisateur et une catégorisation non liée au vocabulaire ou au champ lexical associé au domaine pornographique devait être conçue. Le but étant de créer une expérience utilisateur destinée autant aux couples qu’aux célibataires et ne proposant pas de contenu pornographique. La ligne directrice du projet était donc de se démarquer dans un marché ultra saturé par l’expérience utilisateur.

Afin de répondre à ces objectifs, l’équipe de Przybyla a sélectionné différents outils qui étaient à leur disposition :

  • Le format : pour mettre en valeur les contenus
  • Une information structurée et facile d’accès
  • Les fonctionnalités : les possibilités que l’on donne aux utilisateurs
  • Les contenus : l’habillage des émissions, des épisodes et des modèles
  • L’apparence visuelle du UI : La qualité esthétique de l’interface

L’ambition : Créer une proposition unique en offrant un mainstream pour adulte constitué de catégories liées à l’univers de la télévision (ex:comédie, documentaire, etc.), dont l’entièreté des programmes peut être regardé en couple. — Vincent Przybyla

Objectif 1 : Se détacher de la pornographie.
Tactique : Montrer que Playboy, c’est plus que ça : éviter le vulgaire.

Objectif 2 : Faire apparaître une valeur ajoutée.
Tactique : Amener les émissions et les modèles au rang de vedette par la création de covers non vulgaires et parlant de l’histoire des émissions proposées. Établissement d’une catégorisation par type et titre et élimination des tags apparents.

Objectif 3 : Une expérience Tv spectaculaire.
Tactique : Le site en lui-même doit être un spectacle : immersif et artistique, avec une navigation simplissime.

Objectif 4 : Placer l’utilisateur au centre du processus.
Tactique : Lui donner la parole et l’inciter à la prendre par un système de commentaire et de rétroaction.

Objectif 5 : Rendre les contenus accessibles.
Tactique : Permettre à l’utilisateur d’effectuer du « cross-browsing » en rendant l’entièreté du contenu navigable. Inclusion d’un système de recherche autocomplete et de tag cachés.

Photo 1: Exemple d’interface finale combinant les objectifs 1, 2 et 3

Photo 1: Exemple d’interface finale combinant les objectifs 1, 2 et 3

Photo 2: Exemple d’interface finale combinant les objectifs 4 et 5

Photo 2: Exemple d’interface finale combinant les objectifs 4 et 5

3 — Conférence mystère sur le libertinage : L’application Leeloo

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Brian et Pascal

Brian, CTO et Développeur de LeeLoo, et Pascal, CEO et Community Manager de LeeLoo, ont tous deux un solide bagage dans divers domaines informatiques, mais pas dans le UX! C’est à travers la création de l’application Leeloo qu’ils ont appris le cheminement de l’UX design et de l’approche centrée utilisateur.

Leeloo : l’application mobile libertine

Leeloo est une application mobile destinée à la communauté libertine. Les créateurs de l’application ont lancé le projet après avoir réalisé que l’offre n’était pas complète. Les homosexuels ont l’application de rencontre Grindr depuis 2009, les hétérosexuels ont Tinder depuis 2012, mais les libertins sont cantonnés à des sites de rencontre désuets.

Brian et Pascal ont donc décidé de créer une application destinée à cette niche du marché encore inexploitée. Afin de lancer leur projet, ils se sont fixé un MVP (Minimum Viable Product) constitué de trois éléments :

  1.     Bâtir une communauté de libertins authentiques certifiés.
  2.     Établir des règles et valeurs de libertinage.
  3.     Développer une application mobile libertine qui répond aux vrais besoins des libertins.

La valeur ajoutée de l’application est sa simplicité. Il suffit de paramétrer les critères et d’entrer les disponibilités, puis d’attendre les notifications indiquant les possibilités qui s’offrent à l’utilisateur.

Contexte : La communauté libertine et le web

Selon les concepteurs, la particularité du projet Leeloo réside dans le processus de création qui est entièrement centré utilisateur. Leeloo a été créé pour répondre aux besoins des libertins. Toutefois, les produits n’ont pas été soumis à des tests utilisateurs, car le libertinage demeure un sujet tabou. Les décisions sont donc le fruit des demandes ou des informations fournies par la communauté. En effet, les concepteurs ont effectué des entrevues et des sondages auprès de couples, d’hommes de femmes seules, d’organisateurs de soirées ainsi qu’aux clubs échangistes. Ces recherches ont été effectuées afin de s’assurer de créer l’application en collaboration avec la communauté.

La conclusion de leurs premiers échanges les amenèrent à une conclusion :

Le libertinage ce n’est pas comme les moldus l’imaginent. Quand on parle libertinage, ou échangisme, on imagine que ça se passe dans un club échangiste. On entre dans le club, tout le monde est tout nu et on est obligé de coucher avec tout le monde. Suite aux entrevues réalisées, et aux expériences qu’on nous a partagées, je peux vous dire que c’est loin d’être comme ça que ça se passe! — Pascal CEO de Leeloo

Au contraire, selon leur étude du milieu, il s’agit plutôt de couples qui commencent des processus de recherches, souvent fastidieuses, afin d’entrer dans la communauté. Pour nous expliquer cette conclusion, Pascal nous a partagé le user story de Choupinou et Choupinette, un couple désirant réaliser un fantasme en couple. C’est également la réalisation de ce user story qui leur a permis de dégager les besoins auxquels devait répondre leur application.

Certains enjeux majeurs ont été mis en lumière durant les moments clés de ce user story. Les concepteurs ont donc élaboré des fonctionnalités en réponse à chacun de ces enjeux.

  1. Problématique : Il y a peu d’information sur le libertinage en ligne.
    Fonctionnalité : Création d’un site de ressources, d’une FAQ et de règles de libertinage.
  1. Problématique : Entrer dans la communauté libertine peut être une démarche laborieuse.
    Fonctionnalité : Échange de messages avec des membres de la communauté.
  1. Problématique : Difficulté à rencontrer des profils authentiques sur le Web (beaucoup de profils de femmes seules (aussi appelées licornes en raison de leur rareté), mais étant de faux profils.
    Fonctionnalité : Création d’un processus d’authentification permettant la création d’un cercle de libertins authentiques, sans aucune fausse fiche.
  1.   Problématique : Surabondance des demandes de contact et des messages sur les sites certifiés libertins.
    Fonctionnalité : Création d’outils permettant de paramétrer des critères de personnes pouvant entrer en contact avec l’utilisateur.
  1. Problématique : Planification complexe des rencontres en raison de la multiplicité des horaires et des localisations possibles des utilisateurs présents sur les plateformes.
    Fonctionnalité : outil géolocalisé combiné à un calendrier dans lequel l’utilisateur indique toutes ses disponibilités et dans lequel il peut voir celles des autres membres à proximité, les soirées dans les environs ou encore les rencontres spontanées possibles.
Photo 3: User story de Choupinou et Choupinette -  Leeloo

Photo 3: User story de Choupinou et Choupinette –  Leeloo

 

Vidéo de la soirée UX et érotisme

 

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